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Par vicomte de boisjoly le 27 Juillet 2021 à 17:23
Sur ma liste virtuelle des trucs à coudre avant 40 ans, figure une robe d'héroïne rohmérienne des années 90 telle qu'on en trouve dans le film Les Rendez-vous de Paris. Aucune citation ne vient en exergue de cette suite de sketches de 1994, j'allais proposer "Merci mais non merci" bien qu'à la réflexion on retombe là-dessus sans arrêt dans les films de ce cinéaste.
Présentons cette héroïne.
♥ Tout d'abord Esther dans Le rendez-vous de 7 heures, qui décline le rabibochage proposé par son volage Horace :Question imprimés, on peut vraiment tout se permettre quand on est jeune et jolie !
Changement de motif pour un tour au marché :
Est-ce que vous aussi vous avez eu une phase où quand vous regardiez des films vous vous disiez sans arrêt : "ohlala, vos masques les enfants !"
Tiens, voici Félicie Aricie qui sonne à la porte!
♥ Puis une héroïne sans nom dans Les bancs de Paris, qui se refuse définitivement à son amant alors que le hasard lui donne une bonne raison d'accepter (peu de robes dans ce moyen-métrage filmé en extérieur en automne).
♥ Et enfin une suissesse qui se refuse à un français qui se refuse à une suédoise dans Mère et enfant 1907.
La-la-schtroumpf-la-laaa...
Hé, Ma-de-moi-selle !?
Tu veux voir mes croûtes ?
Au moins, c'est pas du pâté !
Ah... pardon mais j'ai vraiment un train à prendre.
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Pour ce qui a été de choisir le patron, il nous faut revenir au printemps 2020 et au retour de The Great British Sewing Bee sur la première chaîne les voies sacrées du téléchargement pas très légal. Pour ceusses qui connaissent pas, c'est un genre de meilleur pâtissier de la couture avec des amateurs, et j'ai trouvé cette sixième saison particulièrement réussie.
Dans le premier épisode, l'épreuve de confection d'une robe ajustée à un mannequin vivant portait sur les "Tea dresses" et on en a pris plein les yeux, notamment avec la version en robe fendue par Liz de la Shelby Dress de True Bias en tissu fluide noir à petits motifs blancs ad hoc.
(Quand Éric rencontre Shelby)
Ma répugnance pour le format US letter et les marges de couture comprises n'ont pas fait barrière bien longtemps et je me retrouvais bientôt à scotcher les X pages du patron par une soirée de mai ensoleillée. Une bizarrerie : la pièce milieu devant représente un côté gauche alors que les trois autres représentent le droit, ce qui, ajouté aux marges comprises, est vraiment relou quand on aime placer ses pièces côte à côte pour se rendre compte de l'ampleur des pinces.
J'ai fait une toile de taille 8/6/8 en crêpe de viscose jaune bonne humeur, une grosse erreur de casting achetée il y a au moins cinq ans chez Sacrés Coupons et que je n'avais pas encore réussi à liquider même en toile, ni à refiler à personne. Et comme je trouve au modèle un côté un peu trop carré et que suis perturbée par les emmanchures très échancrées dans le dos, j'ai grosso modo et dans des proportions modestes :
- augmenté la pente d'épaule
- creusé un peu la courbe basse d'entournure devant
- élargi la carrure dos et les épaules
- bombé la tête de manche déplacé sur le devant
- modifié et élargi la ligne du décolleté pour dessiner un U plutôt qu'un V
- abaissé la ligne poitrine de 3 cmJe ne me suis pas spécialement efforcée de suivre les instructions qui sont par ailleurs abondantes.
À la suite de ça il y a eu un vortex temporel, et je me suis réveillée un matin de mars 2021 avec Monsieur qui déplorait l'absence de robe de printemps claire avec des fleurs dans la penderie. Ben qu'à cela ne tienne, un formidable coupon crêpe de polyester à fleurs ayant entre temps intégré le stock à toiles ne demandait qu'à être employé (sur sa face envers pour la bonne raison qu'on parle de douceur printanière, jamais de violence printanière). Ne sachant plus trop mes conclusions sur la toile de l'an passé, j'ai découpé en mode automatique en modifiant encore un peu l'encolure.
Au premier essayage j'étais très contente de la longueur qui allait me permettre de faire des fentes comme sur la version GBSB, et puis j'ai assemblé les parementures devant qui faisaient 10 cm de moins... parce que je n'avais pas complètement déplié la pièce de papier à la découpe ! Finalement après nivellement, l'ourlet est 20 cm plus bas que la version courte du patron.
Là c'est quand je dis fi non merci devant Saint Germain de Charonne
Les wouloloupses !
Vu du ciel le décolleté semble assez profond mais de face c'est tout à fait décent.
Merci à la mère qui m'a prêté un peu de son temps sans enfant pour les photos !
Le mot de la fin : bon c'était bien sympa cette robe mais est-ce que j'ai envie de la porter ? Ben, heu, merci mais... non merci. Même si le seyant et la fluidité sont au rendez-vous, je n'aime pas son toucher et quant à son imprimé j'ai l'impression de me promener en chemise de nuit. Elle m'apporte finalement plus de plaisir scopique quand Frida la porte si bien qu'on lui a laissée à demeure. Au moins une qui n'aura pas trop perdu sa journey.
Voilà pour Paris, le mois prochain (juré) on se retrouve en Bretagne :
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Par vicomte de boisjoly le 24 Mai 2020 à 12:02
Remettons sur le tapis la rubrique délaissée pour présenter ce qui aurait pu être ma participation au dernier concours de T&N si j'avais alors su quelle forme exacte je voulais donner au vêtement envisagé. En effet, lors du visionnage en replay sur Arte de l'Amant de Lady Chatterley cet automne, j'avais capturé quelques images d'un chemisier porté par l'héroïne avec une idée derrière la tête.
Ça plissotte à l'encolure tout ça Madame !
Chemisier en Liberty Rosa, avec des roses de ce rose bleuté que j'aime tant et un fond couleur chair tirant sur le café au lait, à l'aspect satiné. Or fin 2009, j'avais acheté un bout de ce même Liberty à mon cousin et en avais fait une écharpe en le repliant sur lui-même dans la longueur, ainsi qu'une autre écharpe en l'assemblant à une écharpe en laine de seconde main dans les mêmes tons. Je les avais un peu portées à l'époque, et depuis elles sommeillent dans le bas de mon armoire de manière visible parce que j'aime les regarder, et parce qu'ils faut bien dire qu'en tant que vêtement leur fonctionnalité était à peu près nulle.
L'air printanier aidant, l'heure de l'éclosion a sonné pendant le confinement : j'ai d'abord sorti un soir les deux écharpes pour les découdre découper, puis l'état des lieux fait sur la quantité de tissu disponible je me suis mise en quête d'un patron ad hoc.
Je me suis finalement décidée pour un modèle du Couture Actuelle (traduction française du magazine espagnol Patrones) puisque j'avais acheté deux magazines l'an dernier sans en avoir jamais rien cousu, en partant de la robe de la couverture du numéro 17 que j'ai modifiée, oh juste un peu, pour qu'elle se rapproche de l'habit de la Lady et tienne dans mes coupons.
Robe qui de manière prédestinée s'appelle donc : chemise à fleurs
Dans ce magazine, les modèles sont entassés sur des mini planches, or je HAIS les mini planches et leurs pièces divisées en plusieurs morceaux, heureusement que seules les pièces du haut du modèle m'intéressaient. Particularisme local sur les patrons, les multiples repères de correspondance de l'emmanchure, avec une orientation étrange que je n'ai pas comprise sur celui que j'ai choisi. Les tracés sont plus fins et pâlichons que chez Bubu du coup c'est plus difficile à décalquer sur papier kraft fin. Par contre c'est plus facile de repérer le numéro des pièces. Côté tailles disponibles le magazine est assez pingre : chacun des 40 modèles n'est disponible qu'en trois tailles, en sucrant à chaque fois une taille intermédiaire. Si vous n'avez pas la chance de faire l'une des trois tailles, il vous faudra soit grader, soit renoncer.
Remarquez vu le bordel que c'est, c'est peut-être pas plus mal de se limiter à trois tailles par modèle.
En examinant les dimensions des pièces à l'aide des derniers patrons cousus je me suis entre autres aperçue que le dos allait vraiment être trop étroit, donc j'ai imité la mère Constance, en ajoutant un pli cousu en haut du dos qui libère une relarge de tissu à l'endroit où le besoin s'en fait sentir. J'ai donné 4 cm au total dans ce pli que j'ai cousu à grand point le temps de la confection, puis que j'ai défait petit à petit pour bien sentir ce que ça faisait, en m'arrêtant au point ou je ne sentais plus trop la différence, ce qui fait donc une hauteur de 6.5 cm sous le col.
Le chemisier rentrait tout juste dans la largeur du coupon et j'ai du me contenter de manches au dessus du coude retroussables en un fin revers.
Quant à la fermeture devant, il était hors de question de faire des pattes de boutonnage sur toute la hauteur : une patte polo était nécessaire. Étant donné ma propreté proverbiale, je n'avais jamais lavé mes écharpes et ai eu le plaisir de découvrir au déploiement une belle ligne de crasse dont j'ignorais si elle partirait facilement après dix ans à demeure et ai donc déterminé la longueur de la patte en conséquence.
Crasssss
C'est Clifford qui a choisi les boutons discrets
Donc pour récapituler les modifications apportées à ce modèle en taille 42 (équivalent d'un 40 français) :
- arrondissement des pointes de col et demi-col allongé d'1.5 cm
- encolure milieu devant abaissée d'1 cm
- encolure milieu dos abaissée d'1.5 cm
- milieu épaule dos abaissé d'1 cm
- côté épaule dos allongé de 0.8 cm pour créer un embu d'épaule pour donner de l'aisance à l'omoplate
- milieu épaule devant réhaussé de 0.5 cm et côté épaule devant abaissé de 0.5 cm
- transformation des pattes de boutonnage repliées sur elles-mêmes en patte polo devant
- basculement de la pince poitrine verticale en pince côté
- ajout d'un pli d'aisance de 4 cm au dos.
- modélisation d'un bas à ma taille sous la ligne de taille
- raccourcissement des manches de 20 cm.Les épaules ne sont pas encore parfaites : ça se voit, et ça se sent.
J'ai du diviser les manches froncées en deux morceaux, et le pied de col interne est constitué de quatre morcelets. Pas de quoi faire un masque dans les chutes de ce projet !
Je ne suis pas ravie du tomber du col : malgré l'utilisation de G710 uniquement sur le col externe, il a tendance à essayer de prendre son envol.
Mis à part l'encolure perfectible je suis contente de mon œuvre, esthétiquement et fonctionnellement. Pendant la confection de ce chemisier, j'ai de surcroît eu l'épiphanie sur ce qui ne me convient pas dans la blouse Carme, que j'avais l'intention de retenter un jour ou l'autre. Ce sera le thème d'un prochain épisode !
Et vousse, avez-vous déjà cousu du Couture Actuelle ? Cela vous a-t-il convenu ?
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Par vicomte de boisjoly le 5 Janvier 2020 à 21:51
Le thème du concours de fin d'année de T&N, "On se fait une toile ?" résonne comme un écho dans le quasi-vide de la catégorie éponyme de ce blog. J'avais plus ou moins le projet d'y parler de costumes qui m'avaient marqués dans des films visionnés, mais les quelques billets que j'ai pu commencer sont restés à l'état de brouillon parce que je les trouvais trop superficiels ou parcellaires. Le concours est l'occasion de donner une chance à cette catégorie (et puis l'appât du gain javou : on peut remporter un livre qui s'appelle "Je couds pour mes animaux"), et qui sait, de la relancer ?
Après m'être gratté un peu le menton, j'ai choisi le film Désordre (1986) d'Olivier Assayas qui a été visionné en juillet. C'est l'histoire de jeunes adultes qui vont faire un truc pas très propre pour pouvoir faire tourner leur groupe de rock, et cela va hanter leurs rapports pendant tout le film, comme on le voit dans la scène qui m'a inspirée :Personnage furieux qui vient de s'extraire d'une voiture accidentée et de se bastonner avec son pote...
...oui, lui là, le faux frère en blouson noir
Ces images m'ont mis en communication directe avec ce coupon de lainage que je destinais sentimentalement à un caban depuis 3 ans :
300g/m2, couleur délicatement chinée irrésistible
Avec la voiture valide restante, ses amis finissent par le déposer à la caserne pour son service militaire (so 1986)
C'était le déclic qui manquait car jusque là des cabans on en avait vu quelques uns, par exemple très à propos sur Jean Yanne dans Que la bête meure :
...ou aussi enthousiasmant qu'un jour de SPM sans pain sur Laetitia Casta dans Le grand appartement :
Mais qu'est-ce qu'un caban au fait ? Eh bien c'est un manteau court, chaud et imperméable, à large col tailleur, et poches en biais s'approchant de la verticale. Son double boutonnage peut se fermer à gauche ou à droite pour s'adapter au sens du vent !
Je ne voulais pas qu'un caban, je voulais un caban qui ait de la gueule ; et me souvenant que je l'avais acheté à cet effet, j'ai ressorti ce patron objet de réalisations magnifiques par l'internationale burdique :Manteau 119 Burdastyle 10/2016
Après l'avoir adapté à mes exigences (cran assez large mais tombant en s'ouvrant le moins possible, une longueur de tronc un peu plus grande que celle des manches, col un peu moins large), j'ai d'abord fait une toile en 40 haut / 42 hanches dans deux couvertures polaires importées de #letravail, constaté que la manche n'était pas bien large, et donc apporté les modifications suivantes au patron :
- 0.5 cm ajoutés en longueur à chaque épaule
- 0.75 cm ajoutés de chaque côté de l'encolure pour mes trapèzes en pente
- petites épaulettes (1 cm max de haut) que j'ai un peu déplumées sur le devant pour amoindrir la sensation de tête humérale qui bute sur quelque chose
- côté de la couture de l'empiècement remontés de 0.5 cm
- retrait d'1,5 à 2 cm en largeur sur le col et 3.5 cm sur les revers des devants
- 8 cm retirés en bas du manteau, 1 cm ajouté en bas des manches
- 1.5 cm ajoutés en largeur en haut du tube de manche et 1 cm en bas, tête de manche abaissée d'1 cm
- retrait des pattes de manche (je suis la championne pour me les prendre dans les poignées de porte)
- ajout de deux boutons supplémentaires pour mieux fermer le manteau
- ajout d'une petite poche passepoilée interne pour la carte d'identité à présenter au poste frontière (NB : thermocoller les passepoils la prochaine fois même si la doublure a de la tenue)
J'ai thermocollé tous les devants, les parementures/revers, le dessus de col, mis des bandes à l'ourlet mais sur la partie extérieure du tissu et non sur la partie intérieure comme le préconise Burda, les entournures ainsi que sur la tête de manche pour tenter de me passer de cigarette, et c'était un bon choix.J'étais partie optimiste avec mes deux mètres de lainage alors que Burda en préconisait trois. J'aurais pu rester optimiste puisque qu'à part un dessous de manche que j'ai du diviser en trois parties, tout est rentré sans encombre malgré la concordance des carreaux à gérer. J'ai un peu déchanté le lendemain au moment de couper les pièces de thermocollant et de doublure : l'empiècement dos demeurait introuvable. Il avait du se trouver transformé en inutile bride de poignet ou en une des parties de ce fameux dessous de manche... Dans les maigres chutes qui restaient, j'ai réussi à reconstruire cet empiècement en trois morceaux. Sachant que vu de loin le tissu à l'air d'avoir les même proportions à l'horizontale et à la verticale mais que ce n'est pas le cas.
Je me suis interrogée sur l'utilité de la couture droite au dos à part pour l'allure, et l'ai gardé en me disant que la structure apportée par la couture couchée n'allait pas faire de mal au dos non entoilé.Le récif des poches passepoilées a été contourné sans encombre
Le soin apporté au roulé du col a été récompensé, il y a même un petit excès à droite.
Mais la jonction de la parmenture au revers du bas se voit un peu sur l'endroit malgré le glaçage de tous les remplis
L'empiècement tripartite passe plutôt inaperçu
La largeur redonnée aux manches n'était pas de trop : je ne peux porter qu'un pull fin sous ce caban.
Fusion avec le col en chèvre de l'élevage de chutes d'Odile prévu dans le patron, mais que je ne porterai pas.
Le lainage n'étant pas très épais, j'ai choisi une une doublure 50% soie/50% laine qui apporte un peu de matière tout en restant suffisamment glissante.
Toujours pas de finitions de chochotte (aka passepoil entre la doublure et la parementure) en 2019. En 2020 ?
Les boutons ont l'air d'être en bois
Alors, elle est contente la dame ? Ben voui, elle a liquidé son coupon, ses adaptations lui donnent le style voulu, et il y a juste assez d'imperfections techniques (la parementure qui tire, les rabibochages de morceaux) et de confort (croisure un peu basse pour l'hiver et port d'un gros pull prohibé) pour lui donner envie de remettre une veste ou un manteau sur l'établi.
Et on remercie Monsieur pour les photos !
27 commentaires
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Par vicomte de boisjoly le 8 Mars 2013 à 11:01
Rêve d'une France où les lunettes redeviendraient rondes et les voitures rectangulaires...
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